« YDIT-BLOG », Nouvelle saison, saison 4 , Episode TRENTE et UN Présentation de Tyne, partie médiane, la plage blonde.

Note de Madame Frédérique:

A de nombreuses reprises, la continuité apparente du récit central, ou paraissant tel (l’enquête sur « Marcel Malbée, dit MM, Die Pate », ainsi que le nomme mon ex-patron), soutenue ( ou dispersée?) par ce dur duo de BOB et MORANE, est différée par l’immixtion de récits en apparence parallèles – peut-être comme des enluminures inachevées qui borderaient un récit troué ? On perçoit bien sûr, le temps passant, que, résignée à rendre public ce fatras dit « Lettre de A., Version B », par devoir et nécessité d’achever ma tâche d’héritage, après la brutale et inexpliquée « disparition » de YDIT, par périodes, je serais gagnée par une lassitude vaguement agacée, n’eût été la puissance aussi perenne de notre ancienne complicité. Maitrisant (plutôt : ayant pris connaissance de) la totalité du paquet, je peux anticiper d’autres cassures du récit central. Donc, puisque vous fûtes confrontés ( et confrontées) à la « Présentation de FRED », épisode ONZE ( sur près de 140 !) il faut que se supporte ici la « Présentation de TYNE », suite. Encore- oui- cette fracture intime du double, MM et Hanged, Morane et Bob, Ydit et moi, puis FRED et TYNE. « Le réel et son double » écrivait l’un des auteurs que Y.d’I. parfois citait, j’en ai oublié le nom, c’était il y a longtemps, c’est démodé, on ne parle plus de tout ça.

Lettre de A. Version B RECIT d’YDIT : Tyne, suite (Ydit planque devant le 47 Montée de la Montagene ; BOB et MORANE plaquent la planque d’YDIT).

C’est déjà tard. Ydit entre ici avec les yeux et la démarche d’un vieillard qui n’aurait pas dormi depuis la moitié de sa vie. Histoire : souvenir-récit :

Debout encore, au milieu d’une vaste salle conçue en rond, vêtu en professeur jeune avec des mots clairs, YDIT achève à peine son cours de Terminale. Il y a si longtemps.

Assise en fond de salle, -sur un gradin qui le domine -Tyne dit : » C’est vrai, ça surprend, le décor, mais c’est parce que ça a été repeint couleur vieilles sueurs, ce décor de lycée. » L’amphi s’est vidé. Dans un mauvais roman-images le narrateur écrirait que TYNE remplit à elle seule la salle de cours, mais non, personne jamais ne remplit le silence. L’absence, oui, avec d’autres images, on peut espérer la remplir. Le Silence, non, même avec les mots du souvenir, non. Même TYNE dans le dicours noir de son Afrique presque natale et totalement sacrée.

TYNE qui fut  tout entière de blondeur, de tantrique clarté du visage des yeux et des toisons, jolie découverte que ce fut la première fois qu’on la vit nue, si blonde parfaitement ici aussi de sorte qu’elle reste celle dont l’intimité fut la plus voyante-et diseuse de bonne aventure : le sexe d’une femme est toujours un futur.

Marcel Malbée dit MM dit  le parrain ( les soirs de rhume ou de bar, la phonation altérée pourrait prononcer pour un voisin lui-même fatigué, non pas MM, mais Aime/Haine ), cet homme-là, Die Pate,  on n’a su que beaucoup plus tard à quel point l’organisation intime de la vie de YDIT avait été, sans qu’il le veuille, choisie pour éviter avec persévérance le retour du fantôme Malbée.

Ou bien (et ce n’est pas un identique poids) pour s’interdire la chaîne lourde de la culpabilité – n’avoir pas dit NON dès le premier geste, ou -si l’on accepte la stupeur des initiations- d’avoir ensuite osé gravir une deuxième fois l’escalier, 12 rue Dupetit-Thouars. Une deuxième fois, ce n’est plus la surprise, c’est déjà le renoncement ou l’addiction. Ydit ensuite s’est, mais tout laisse par ailleurs à penser que cette analyse comme toutes les auto-analyses est largement fautive, globalement très menteuse, cependant pratique pour stimuler des explications à l’ inexplicable, YDIT aussi ici s’est dit que – à l’inverse des « répétitions » grâce auxquelles le théâtre existe -ce qui a pu inventer les parcours, les soutenir, ce sont les volontés diverses et multiples, toujours très différentes, désirs d’essayer autre chose autrement, d’essayer ailleurs, de ne laisser passer aucune hypothèse de chemin, de quasiment toujours dire oui, jusqu’à un certain âge, jusqu’à un certain point de l’absurde ou des douleurs, dire oui à tout ce qui prétendait distraire, « oui, bien sûr » : la garantie d’un fondamental divertissement. Oui à ce qui se présente : ce sera devenu comme une habitude.

Il en fut ainsi probablement de l’Afrique. Mais -surtout- la connaissance du continent noir commence par la silhouette blanche de TYNE sur l’estrade du lycée, et aussi par la transparence du  corps de TYNE, superbe cambria corps 14, cambria on reconnaît bien ici la silhouette de TYNE. Alors on visita l’Afrique nuit et jour. L’université de la ville en ce temps suggérait aux  étudiant.es en dernière année de licence, supposé.es bientôt passer des concours, de consacrer une quinzaine de jours à une espèce de stage dans un établissement scolaire- pour le cas où elles et eux auraient eu envie de devenir professeur (un mot qui n’a plus le même sens).

Au lycée, avec Maurice, Catherine, Arlette, on s’en amusait. C’était l’occasion de bavardages agréables au Café du Singe Vert, pour expliquer aux étudiant.es ce qui se passerait, pour commenter ce qui s’était passé : pour continuer à faire du Singe Vert (à quelques kilomètres de la ville, connu de quelques professeurs initiés du lycée, la jolie terrasse avec glycine, la serveuse sans cesse irradiant d’un rire joyeux) ce haut lieu pédagogique. En réalité, avec les stagiaires de l’université, le bar même pas louche devenait un espace de jeu de mots et de langues, un endroit ou la séduction de la posture se transformait quelquefois en petites histoires coquettes et pratiques, ainsi qu’on aimait en commencer et en finir à l’époque.

A force personne ne savait plus où donner de la tête.

TYNE avait assisté à quelques cours, puis elle avait improbablement choisi ceux de YDIT, on verra pour quelle petite image peut-être. Puis elle avait, à la table du Singe Vert (Ydit était seul en sa compagnie blanche et rose, cette fois-là), sans hésitation accepté un dîner à deux. TYNE et YDIT habitaient des univers différents, même pas parallèles, mais en ce temps-là, une invitation à dîner représentait une façon anticipée d’escalader la pente pour marcher dans la possibilité d’un futur, comme dira ensuite BOB. Ou MORANE. Drôle de phrase.

Pour le deuxième diner, TYNE était venue avec l’édition 10/18 de Amadou Hampâte Bâ . Accompagnant  ses parents, elle avait vécu en Afrique quatre ou cinq ans.

 Tyne  avait prêté le livre, ils en avaient parlé. Puis d’un autre, apporté en anglais. Et ainsi de suite. Prétextes choisis pour prendre d’abord un verre ensemble dans les cafés plutôt peu sympathique entourant la fac, entre deux cours – car la présence de stagiaires avait fini depuis longtemps, et cela étonnait Maurice ou Catherine ou Arlette de voir que TYNE souvent rodait en vélo, courte jupe aérienne, dans les alentours du lycée pour attendre YDIT…Ces quatre-là, leur histoire des quatre – on verra peut-être plus tard le risque pris à glisser une aiguille dans leur bloc de tendresse (mais ce ne serait qu’en toute fin des 250 000 mots ( 250 000 ? On avait pas dit 200 000, même moins ?), quand la chasse de Marcel Malbée aura été achevée, mais que resterait-il alors à compter, parmi les mots ?).

Vint ce premier dîner, inaugural comme on dit au Collège de France,

et c’est Tyne qui propose un restaurant africain, dans le 11e arrondissement, quartier à l’époque peu fameux. Puis comme il s’était mis en retard, ce fut la Pizza del démon,- place Victor Schoelcher.

TYNE et YDIT n’ont plus besoin de prétexte, ils sont ICI ensemble à parler ou marcher le long du quai de la Seine. Un soir ça se mue banalement, on s’en doute,  c’était un soir de printemps dans tous les récits on dirait qu’il faisait beau, mais dans la mémoire du récit ou dans le récit de la mémoire – donc roman-images- c’est réel qu’il faisait beau, sans doute parce que toutes les histoires qui commencent, même une légère, même achevée sans finir, même celle d’une jeune femme blanche parlant de l’Afrique noire, tout cela c’est toujours dans le beau temps que ça se passe et c’est toujours du beau temps que ça produit, alors ensuite, on s’y attend, ensuite YDIT  vient chercher TYNE avec la vieille Fiat blanche décapotable, pour partir en week-end, quelque part sur la côte normande, un petit hôtel sympathique avec véranda sur la mer, chambre sur la mer, vue  sur la mer, tout sur la mer ,ils font des photos sur la plage, Il fait grand vent mais YDIT n’écrit pas une lettre à la reine pour dire qu’il a tué six Loups. Après le dîner sur la terrasse, qu’il a fallu fermer, car déjà le vent est frais, TYNE préfère marcher le long de la mer, tout le monde sait bien ce qui va se passer, leurs apprentissages comme d’adolescents qui s’inventent un savoir neuf, les gestes dits banals qui deviennent découverte magique, rituels secrets et sacrés, l’intime mieux que partagé, offert,  une seule chambre à l’hôtel, la serveuse qui s’attendrissait, , qui admirait TYNE ( attention, ce n’est pas Nadja?)ou les voisins de table qui tentaient d’écouter le dialogue de ces deux là. Ces deux là qui oubliaient ( YDIT qui effaçait) toute idée de la Chasse au Parrain que mènent cependant ( déjà? Pas encore ?) les détectives de sable et de coquille Saint Jacques, BOB et MORANE

TYNE et YDIT première nuit dans le petit hotel normand, et la serveuse un peu s’émeut de ces deux-là qui visiblement n’avaient  pas encore l’habitude de passer tant d’heures, mélangés de peau et de rêves.

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Didier JOUAULT pour Ydit BLOG / Quatre Saisons de « YDIT-blog », nouvelle saison, saison IV Episode TRENTE et UN Présentation de Tyne, partie médiane, la plage blonde. Si tout va bien( et si le point fait par la Capitaine est bon ) nous sommes le mercredi 10 avril, donc publication de la fin de séquence « Présentation de TYNE », le mercredi 17 avril. Sinon, tout est fichu. Mais non. Mais non, voyons.

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