INTRODUCING MARINA, quatrième prise : cette fois on en voit le bout .
Rappel : les trois précédentes Séquences Publiques donnent à voir (et un peu aussi à lire) l’intronisation de MARINA en tant que nouvelle comparse des OubliEs.
Dès la fin des longs rapports répétés de l’après-midi ( on ne sait toujours pas pourquoi sourit V3), les questions bouleversantes griffaient l’endormissement d’Ydit qui était venu à l’AG des actifs en curieux passif .
« Ydit, raconte Marina que rien n’arrête ni même une promesse de promenade au phare, on le percevait séparé entre grand sourire et vif agacement. Il dénombrait les survivances pileuses dans la plage de calvities, résistait aux effluves de Guerlain 69 ou Opium New Wave que dissipaient en passant des dames à la vessie dissipée, n’écoutait que d’une oreille – sans appareil – les observations flatteuses et les décomptes étourdis de participants semblait-il intéressés (ce qui représentait sa principale source de stupeur). »
–« S’amusait-il ? » s’enquiert Germaine-des-rails, dont la vocation maternante est proportionnelle au goût des horaires bien rodés.
– « Il s’amusait, répond Marina comme si sa parole désormais portait l’intérieur du dit d’Ydit. Pour enrosir encore les projets de l’Air Solide, Président ne cessait d’employer le mot Liquide, liquidités, fluidité, cache-flot (que V3 n’écrit pas ainsi), paradoxe du lexique. »
Selon Marina, les questions témoignaient avec cruauté : ici, dans l’AG des porteurs d’action de l’AIR SOLIDE, les vieillards pensaient l’avenir sous la forme d’un placement, d’une cagnotte à ne pas déterrer.
« -Comme si, s’étonne Marina -dont on découvre qu’elle peut, comme chacune, avoir le dos nu et les reins solides en matière de raison, – comme si dépenser les talents de la mémoire n’était pas la meilleure route vers l’achèvement d’un devenir. »
« Bref, dit Marina ( et c’est vrai que c’est un peu long pour un premier rapport murmure Vassiliki) , tout en priant d’un regard V3 qu’il lui fasse une place dans son éponyme fauteuil , donc YDIT regardait- amusé stupéfié- les visages et les usages de ces corps usés seulement préoccupés de calculs imperceptibles et de développements incompressibles, Air Solide for ever. »
On la perçoit rêveuse.
« Je ne comprendrai jamais, concluait-elle en ajustant son délicat volume dans le fauteuil, ce qu’il est allé faire dans cette ornière ? Volière ? Fondrière ? Poudrière? Crémaillère? »
-« Mais, suggère ensuite Germaine, YDIT on le connaît, il l’a souvent raconté, la curiosité est le souffle de son mouvement, l’âme de son violon, et l’origine de bien de ses errements. »
Il va au nouveau comme la souris à son grain empoisonné.
Dans le silence qui succède à une telle analyse- ou un tel raccourci narratif-, chacun imagine la foule très lente des petits ( « ah non, pas si petits ») porteurs d’Air Solide, qui reflue de l’amphithéâtre à la fin de l’AG usagée. Il y a des bavards, remontant avec peine l’escalier encombré. On peine à l’escalade quand on a descendu les marches du dividende.
–« Ah, vous avez vu, Monsieur, je suis parvenu à trouver une place juste en face du Président Airsol, au moins je peux discerner s’il ment ou pas, ensuite je vends ou pas » .
– » Monsieur, vous avez déjà vendu ? Moi, j’ai l’Air solide en poche depuis trente ans, je ne m’en suis jamais allégé ! Je suis célibataire, sinon je l’aurais légué à mes enfants. »
– » C’est une bonne Compagnie, conforte une dame à cannes, et un bon Président, on ne peut pas en dire autant de, vous voyez qui je veux dire. «
Vers le haut des marches, inquiète tout de même de l’évacuation gluante (« Et s’il y avait eu l’alerte Attentats? »), elle raconte, soufflant un peu, être venue de Calais juste pour affronter cette jungle de l’AG, sans même se plaindre. « Reconnaissez que nous aurions mauvaise graisse à nous peindre, euh je veux dire, à nous plaindre, enfin mauvaise grâce « s’empataude un voisin aussi tassé qu’ harassé, mais qui lui tend la main afin qu’elle parvienne tout de même à gravir quelques degrés vers la sortie.
V3 hausse les épaules. Avoir L‘Air Solide, on peut juger ça consternant, mais ça attire des amis. Toujours ça de prix. Il regarde autour. » Bon, YDIT reste en vacances, dirait-on, mais nous voici à nouveau quatre. » dit-il.
« C’est un délice sans orgue ( car je suis laïc) de vous accueillir à mon tour ici, chère et désormais bonne compagnie Marina, et bon vent à vous avec nous, pour les OubliEs et Silences, après l’Introducing Marina ! »
didier jouault pour YDITBLOG, Séquence Publique d’OUBLI n° 100-103, séquence exceptionnelle, fin.