YDIT-TROIS, comme annoncé, et commencé hier, d’abord « PREVIOUSLY » 2: la première saison, celle des « Séquences Publiques d’Oubli », à commencer par un étrange passage, pas vers l’enfer, certes, mais au pays de cocasse, le Service de son Excellence. Voici donc la…rediffusion telle quelle (défauts compris ! ) de la SPO 18, datée du 18 mars 2016… Replay : « YDIT – SPO 18 bis : Les grises souris grignotent gaiement la gamelle de son Excellence. »

A la gare saint Lazare, sous l’horloge, allant vers la Normandie

( berceau de la famille : villages, passages, visages des secrétaires de mairie retrouvées d’une mairie à l’autre, agacées ou pétillantes devant le vieux chercheur de racines, mais c’est une histoire pour plus tard, à suivre, celle des états des civils, on y viendra )

YDIT prenP1150466d le temps d’une étape.

Formule à emporter du docteur zéro, sandwiche ou quiche (salade, c’est la formule plus chère), boisson (can de coke zéro),dessert, « ceux qui sont sur l’étagère du haut, ou alors une viennoiserie si vous voulez, mais c’est pas intéressant pour vous parce que vous y gagnez moins, enfin ça est comme vous voulez je peux vous donner un chausson aux pommes si vous préférez, non, on reste sur le flan coco ? »

A la gare saint Lazare :’on reste sur le flanc, coco’.

C’est moderne comme du Carco, c’est ferroviaire comme du Cendrars, c’est abrupt comme le Rolin de « l’invention du monde »(YDIT l’a feuilleté hier, pas relu depuis vingt ans). Bon pour le service du train.

                          Les sages agents soyeux et seyants de la SNCF, toujours près, gagnent leur vie en attendant qu’on leur pose une question, P1150459           ce qui les relie en direct -sans changement à Lisieux- avec les voyantes chères à André Breton (même si les départs pour Brest se font dans une autre gare).

YDIT : Puis-je vous oser une question ?

Les voyageurs immobiles, nourris d’horaires et de pain blanc, frétillent, s’ébrouent, s’enluminent de l’intérieur, tapissent d’avance leurs cerveaux de papiers peints aux couleurs de l’entreprise et de l’horaire net :

-‘Yes Sir!’, dit celui qu’on nomme Robert, et qui porte bizarrement une veste blanche à boutons dorés. L’heure incite plutôt, il est vrai, au long-drink et non à la formule express. « Osez votre question », poursuit-il avec l’accent du middle-ouest normand, « et dans la formule à 7.75, vous avez pris de la pomme? »
Y en a , répond YDIT de mémoire, mais y a pas que ça.

Y a aussi de la tourbe.Vengeons 2 stèles jouault

Bref ? Relance (sans voir) une dame en bleu/pourpre ayant rejoint le groupe des SNCF-gag
Aimez-vous les histoires? (YDIT sourit)(c’est facile)
ça dépend qui en fait, Sir, explique le blanc-vêtu, par ailleurs gras comme un Blanc-manger.

Et, oserai-je supplémenter malgré votre titre, et sans compost : sur quoi, les histoires?

Le coup d’œil circulaire d’Ydit lui permet de se ré-assurer à bas prix : pas de police ferroviaire en vue, ni reporters sans rentières cherchant un vieux sujet, et encore moins d’aliénistes en pause -congrès épouillant les quais en quête inquiète du caquet coquet émanant de débris mentaux.

Une histoire d’ Excellence, ça irait ? C’est chic tendance, l’excellence, non ? Naguère coaché par son SNCF-RH le SNCF-Man opine.
YDIT s’amuse :

En ce temps-là, il passait souvent dans ce qu’on nomme « le cabinet »

dans un ministère familier. ministre et ministère fevrier 2011

Lui arrivait à pied. A Paris, en général, on a parqué les ministres dans les hôtels 17ème/18ème très prestigieux des plus fortunés des aristocrates d’ancien régime. On y voit des miroirs sur chaque mur. Comme ça, pas d’illusionHTC à trier 011 sur la marchandise.

Après une cour admirablement pavée, proustienne par endroits (et plus d’un journaliste hâtif s’est pris les pieds dans les pavés disjoints de la politique), les informés gagnent le secrétariat particulier B PAJOT parvis du cab 2013du ministre au rez-de-chaussée, un ancien salon aménagé, dorures, cheminée, plafond à hauteur des espérances du ministre, et beaucoup de bazar : parapheurs, épais tas de revues, cadeaux en souffrance, courrier départ, bibelots douloureux, machines diverses, courrier arrivée, briques et brocs, zigues et  toques.

Pour le repos de l’âme des conseillers, qui attendent toujours ici avant que le ministre les reçoive, des corbeilles de fruits (ah, une petite figue pour patienter), la machine espresso et ses cartouches variées, des viennoiseries de France. C’est un vieil et encore bel hotel, agrandi, mais au coeur préservé. On découvre des portes cachées dans des murs de bibliothèques, et des escaliers dérobés, poussiéreux, qui ne servent plus IMG00465-20101011-0841aux soubrettes, mais que protègent encore des accès magnétiques.

Ydit : un jour, un soir plutôt, en ces heures où la nuit gagne lentement, il pénètre dans la pièce  et ne trouve que des secrétaires affolées , presque balai à la main, «  IL ne supporte plus … », dit Suzanne, « …mais on n’y arrive pas, et personne ne sait que faire  » ajoute Myriam « …surtout que les sous-sols ont été aménagés en abris et bunkers, on n’a jamais pu détruire, c’est plein de requins, euh je voulais dire de recoins«  termine Marie-Jeanne.
D’ailleurs, sous les yeux d’Ydit, deux souris  bien élevées se faufilent, très élégantes, se lambinent derrière une moulure, et disparaissent sans laisser de trace.

Mais, en cette toute fin d’après-midi, ça a mal commencé

Ah, justement, je me disais que ça serait bien que ça commence, votre histoire, Monsieur Didi
Non pas Didi , YDIT
Oui, en tout cas vous n’avez pas un train à prendre ? Donc, où c’en est, les souris?
Mal commencé, début de soirée : le téléphone sonne dans mon bureau. C’est Marie-Jeanne:

« IL veut vous voir.
Maintenant ? (question idiote)
Sinon, j’appellerais pas. (Simple constat)
J’arrive. ( y a intérêt)

Dans le secrétariat particulier de l’excellence, arrivant par une autre porte, en face, surgit Blanchemine, Conseillère aux affaires qui ne doivent surtout pas devenir des affaires,dernière RIM salle de la fontaine Varenne mars 2011 donc y a intérêt à trouver un truc fissa, je te le dis, mon vieux.

YDIT et elle regardent avec l’habituelle compassion le balai des souris. Réapparues, elles glissent vers le salon d’attente du ministre
Bah quoi, IL vous attend, dit Suzanne.

              Blanchemine et YDIT frappent.

salon ministe juin 2010Comme d’habitude, la double porte capitonnée ne permet pas d’entendre de l’intérieur. Mais on frappe, c’est l’usage. Excellence es-tu là? Myriam , haussant les épaules : Vous savez Bien qu’ IL entend pas, entrez.

Elles s’y mettent toujours à trois pour éparpiller les conseillers.

Dans le vaste bureau, lui aussi ancien salon 18ème, superbes boiseries d’époque, si on arrive du secrétariat, on découvre l’Excellence de côté, un peu trouble dans le halo prestigieux d’une lampe RAZKO, et la nuit gagne dans les immenses portes fenêtres donnant sur le jardin…
– C‘est pour de vrai comme ça ou vous inventez pour épater ? interroge la SNCF
Bah, c’est un ministre. Tout de même. Et il y a aussi un feu de bûches dans la cheminée. Avec une vraie odeur de bois. Jusqu’en en été IL aime ça, les cendres. Je continue ?  On s’est remis la cravate en place, avant. Bon, sur le bureau , un plateau repas posé de travers sur des piles de rapports d’inspection générale suffren 06 10 2011 3ou de hauts comités ou de missions d’urgence, on voit que l’excellence n’a pas fini son dessert : la glace aux amandes effilées relevées de sel noir de Guérande s’épanouit vers le crémeux. L’excellence ne dit rien, toujours hiéroglyphé tendance hiératrique, terminant de lire dans un parapheur qui culmine le tas.

IL le paraphe, referme le gras volume sec, ne se retourne pas.

On l’aperçoit de côté, on toussote, on redresse le torse, Ydit a refermé la veste, Blanchemine apprêté la jupe .

IL désigne un parapheur en extension juste avant le saut dans le vide, au bord du bureau. YDIT et Blanchemine se regardent, et c’est alors qu’ IL se retourne  « Vous pensez vraiment que je vais signer cette connerie ? poste police rue Marsoulan 2012Si je signe, ya un ou deux millions d’élus qui me tombent sur le poil. Sans parler du PM. C’est quoi, cette réponse au député JOJO sur les piscines? C’est de la pure connerie. Et, vous vous y êtes mis à deux ? J’hallucine. A deux pour ça! Vraiment, j’hallucine. Vous vous souvenez que c’est publié au J.O., ou alors vous avez pris vos fonctions y a deux minutes ? »

Selon les cas (et la force de ce que contient le parapheur), on bredouille, remballe, se racle la gorge. Seuls les très bons, sur le seuil du pouvoir,  se lancent dans une argumentation assez drôle et puissante pour s’en tirer sans signature, certes, mais sans honte (ceux-là finiront députés).
L’un des maîtres d’hôtel est entré, il ramasse le plateau-repas, on ne l’entend pas sortir.

salon education 2011

IL désigne du menton le parapheur:

Reprenez moi ce truc, vous verrez avec Philippe sur le fond,

( Philippe, c’est le dir.-cab, l’homme qui pense loin et sait vite), et au fait, rappelez-moi, combien je vous paie pour écrire des conneries?

Pas de réponse.

Seuls les prétendants à ‘futur député’ osent sussurer un truc du genre :« Trop pour ce parapheur-là, Monsieur le Ministre, mais hier vous avez fait le buzz avec le discours que je vous ai préparé toute la nuit pour votre intervention devant la commission internationale des avancées significatives de l’action ministérielle implicite.. »
Il se retourne sur l’amas de parapheurs, fait un geste sans regard.

On sort. Blanchemine retrafique la ceinture de sa jupe (photo non contractuelle)short madrid 2014 2( elle a tendance, la jupe, à remonter un peu avant de voir le ministre).

Ça fait chier, j’aurais presque envie de pleurer, je t’avais bien dit que ça passerait pas, YDIT, en plus on a l’impression d’avoir reçu la fessée comme en petite section de maternelle à Bouhyu’.
YDIT ( sans dériver sur l’hypothèse de la fessée, c’est pas le moment) (et mauvais imitateur) : ‘Au fait, rappelez-moi, combien je vous paie pour écrire des conneries?’

Puis, il tend le doigt vers le sol, un coin sombre : le maître d’hôtel, jeune rigolo séducteur, fait son numéro avec les secrétaires ( le temps a passé, il n’en reste que deux), a posé le plateau par terre.

« Bah, quelle histoire », fulmine le SNCF sans vapeur ? Et donc…

IMAG0796

(photo non contractuelle)

Didier JOUAULT, pour YDIT-SPO, 18 bis : « Sur le parquet 18ème en point de Hongrie, d’élégantes  souris grises grignotent gaiement à s’en griser la gamelle de son Excellence. » A suivre …

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YDIT-TROIS, comme annoncé, d’abord « PREVIOUSLY »1 : la première saison, celle des « Séquences Publiques d’Oubli », à commencer par un étrange passage, pas vers l’enfer, certes, mais au pays de cocasse, le Service de son Excellence. Voici donc la…rediffusion de la SPO datée 20 mai 2016… Didier JOUAULT (« YDIT ») : Des fantômes alourdis de conseils obscurs, ça ne court pas vite, c’est déjà ça.

récit riant Des fantômes alourdis de conseils obscurs, ça court pas vite, c’est déjà ça.

badge tendu

Pourquoi vous montrez cette carte ? Elle donne droit à quoi ?

Les dames  sortent  de la garderie et s‘interrogent. « Elles veulent bien écouter une séquence publique d’oubli, les dames et les cinq petits ? »

C’est l’atelier public d’oubli. Séquence 19. Clap.

Ydit commence abrupt ( c’est une séquence où la prudence ne s’impose pas ).

Genre conteur grave.

 

récit sérieux

genre conteur grave

Mais pour de faux

« C’était vers 12h30, un jeudi. « Lactadine surgit dans le bureau. Ydit vient d’ouvrir le  minifrigo, ça l’amuse.

 -«  Tu l’as, le dossier des sourds ? IL reçoit le président des sourds à 16h30, IL attend le dossier. Tu te servais l’apéro ? « (elle fait l’ interloquée, elle galéje)

bureau

on pourrait voir le dossier

Ydit non, il découvre son bureau. Elle réplique : « On pourrait commencer par l’ordi, peut-être, comme outil de travail ? Et ce dossier ? Ton assistante  t’ a expliqué  les couleurs ? Toujours bleu pour LUI, mais elle s’en occupe.  De les faire, les dossiers. Toi tu fais juste le dedans. »

Ydit fait le dedans, lui. Bon.

Elle est grande, mince, un peu bouclée, un peu décalée, chargée des relations avec les parlementaires.

« ASAP », il a dit, tu comprends ? Eh ben, ça veut dire : faut se magner. Tu LUI fais ses Bullet-point , au ministre, ses deux pages maxi pour les chiffres et les enjeux, et IL va lire dans la voiture en revenant de la séance des questions du Sénat. »

Ydit : « C’est  pas loin, le Sénat. C’est joli. »

chaises senat

Y a même plein de sièges

Elle : « C’est pas le moment de rigoler. IL lit vite, le ministre. C’est juste  le président des sourds , on va pas en faire un numéro. De sourds. »

Ydit s’inquiète : Il y a un traducteur Langue des Signes ?

Lactadine, son usage, c’est pas la patience. Forcément, avec ce métier  qu’elle a d’être celle qui fait les parlementaires. « Ecoute, complique pas tout, le mieux, je t ’emmène voir Rafa, il  te dira, lui. Ton assistante passe  les couleurs au secrétariat particulier, en bas, et elles les dispatchent. Et après ça arrive chez LUI, validé par le dir cab, ou ça te revient. »

« Et alors ? » s’interroge, coquin, Ydit.

Car les embruns d’agacement posent dans les yeux de Lactadine une écume  légère. On se mettrait volontiers à poissonner dans les flaques, à crevetter sans filet, à grignoter la crêpe quand la marée monte

Elle :  « Et alors   c’est  pas bon, quand ça dépasse pas le dir cab. Le mec  avant juste  toi, ça revenait souvent de chez le  dir cab, et il en est revenu, le mec, et reparti … chez lui. » Pour Ydit, cette façon de rire est assez tentante, elle décale ses lèvres , on a envie d’aller voir comment ç’est dedans, le dedans, comment c’est, pour les chargées des parlementaires. Puis, cette façon de poser les mots dans les phrases…

Un grand type vif au crâne rasé passe dans le couloir, marchant vite, il pianote un Blackberry. C’est le Dir cab. Appuie sur Envoi. Ralentit.

Passe la tête : C’est bon, tu t’installes ? Ah, tu prends l’apéro avec Lactadine ? C’est pas con, elle est bonne en  apéros, c’est elle qui fait les parlementaires.’

Ydit : « Non non évidemment, pas l’apéro , d’ailleurs le frigo est vide, mais,… et le grand type est déjà parti, il pianote son Blackberry , il avance vite  dans le couloir avec cet encouragement pour la base : « ASAP, hein,  pour les sourds, IL doit l’avoir pour partir aux questions du Sénat, et on valide avant. Faut pas glander ».

Lactadine, retenant un rire : «Pour le frigo, tu demandes au maître d’hôtel, il te le remplit. Sinon,   donc, ASAP, ça veut dire maintenant». Ydit aimerait tomber amoureux d’un défibrilateur, ce serait plus calme. Elle parle, marchant devant Ydit, elle a fait signe de la suivre.

Dans le couloir. « Tu devrais t’y mettre ».

escalier d'honneur

l’ancien escalier d’honneur a perdu de son éclat

On avance à toute vitesse dans un méandre, un escalier presque dérobé: «  Passe devant, t’as pas encore ta carte ? ». Elle dévale, souple. Non, il n’a pas encore sa carte . Ydit, c’est un peu le de type à ne jamais avoir sa carte, mais tout le monde pense qu’il en a une, et même plusieurs, alors …Gravir l’escalier derrière une femme, et regarder seulement les marches, c’est la consigne. D’accord, ça évite de se prendre les pieds. Puis, c’est bien élevé, ça évite de se prendre les yeux.

Quand même, Ydit dresse le regard : on ne peut pas s’interdire l’horizon. En bonne forme, l’horizon.

Ydit soliloque  dans le parcours labyrinthe Luccabrinquebalant qu’initie le quasi labyrinthe, deuxième passage à badge, ça avance vite, vite.

Lactadine, poussant une porte qui couine comme une souris grise :

« C’est le S.P., mais toi tu files tout à ton assistante, et elle se démerde ». Ydit se prépare à dire des mots de la série’ bonjour’ (c’est le secrétariat particulier de « LUI»), je me présente, j’arrive ce matin, je …

Mais Miss Sénat sort déjà par une autre porte, personne n’a tourné la tête.

Des fantômes alourdis de conseils obscurs passent dans tous les sens et traversent le pouvoir d’une marche gaiment légère. Cette fois il n’y a pas  de souris. Trop tôt.

Elle dit, la dame en jupe courte,  qu’on va chez Rafa, » j’espère qu’il avait pas un déjeuner. » Elle frappe, entre.  « Voila, lui c’est Ydit, le nouveau, et  le Dir cab vient de le répéter : ASAP pour l’autre, là, celui des  sourds. »

Rafa renouait sa cravate devant le miroir ancien, qui lui fait un joli cadre doré tout autour de sa radicale

cadre

entrer dans le cadre,mais qui?

et belle figure d’homme intelligent.

Rafa : rien que du nerf passé à l’aigu et des neurones électrisés.  La poudre ? Non, le content de soi. Il cite Audiard  juste pour l’expression : «  Eparpiller façon puzzle ». C’est ce qu’il préfère, lui, éparpiller façon puzzle, Rafa, dans la vie.

Rafa il en montre,  des dossiers : Bullet-point, tiré en gros , le ministre aime pas mettre ses lunettes devant des visiteurs, surtout des sourds, tu penses,  trois lignes sur pourquoi on est là c’est quoi le problème, qu’est-ce qu’il  veut le visiteur, hop, cinq ou six chiffres sur les sourds, combien  y en a, combien ça coûte, quel âge ils ont, les sourds, tu vois, pour montrer qu’on les connaît, des trucs comme ça, et trois lignes sur ce qu’on peut faire, mais que du très très  général. Surtout pas des réformes . Pour les sourds. Tu parles !

Ydit regarde le gamin ( vingt-cinq ans, juste sorti de normale sup et aussitôt entré dans le rôle duveteux de «  plume du ministre ») . Il se met à parler pareil, OK, ASAP, pour la forme, bullet-point , il a compris, mais le contenu, les problématiques , le fond du sujet?

« Les problématiques, c’est pour les bureaux, nous c’est pour le ministre. T’es là parce que t’es le dieu du handicap, c’est pour ça que le dir cab t’a fait venir ? Bon. Alors, tu sais tout, voila, tu fais comme j’ai montré. ASAP. Tu fonces…

porte barrée

Tu fonces, t’as compris, rien t’arrête !

Rafa n’écoute que sa montre  » Merde! » dit-il comme tous font ici, « Lactadine tu me demandes un chauffeur, merde, je déjeune à l’Elysée avec Dupré, je suis à la bourre… » Lactadine renfrogne, elle est pas l’assistante, ni l’Assistance Publique, y fait chier Rafa, y peut pas s’organiser un peu ? Elle dit qu’il n’y a personne au pool chauffeurs.« Et l’Inter , demande moi un par l’Inter,tant pis ». Lactadine semble penser que ça va pas plaire, demander un chauffeur de Matignon,

même pour ce déjeuner là,luxembourg2010 Rafa devrait tout de même faire gaffe.

« Pipeau, t’occupe, il est pas là pour faire gaffe, » il est là pour écrire,et le ministre trouve qu’il écrit TRES bien, et il sort. « Au moins, tu me siffles un taxi? »crie-t-il depuis le couloir ( ici, tout le monde parle depuis les couloirs, tout le monde est déjà en train de passer à la suite ).

Lactadine dit qu’il  aura pas toujours des copines aussi sympa, elle ajoute, alors que déjà les voix s’éloignent dans le couloir couleur XVIIIème : « Et le nouveau, on le laisse là ? » Rafa : « Il gêne pas, c’est pas un rapide, ça se voit …Bon, s’  IL  se met à recruter des vieux ! Remarque, ça court pas vite, c’est déjà ça ».

                                                                                 Ydit ,pour regagner son bureau, se perd un peu.

Blackberry et salon

« On a besoin de votre longue expérience »

Il y a beaucoup de couloirs. Il pianote son blackberry. Il faut repasser par la cour d’honneur, pavée. ASAP, les gars. ASAP.


Ce qui est dur, en fait, comme toujours et partout, comme à présent, c’est de repasser les routes et les portes vers l’arrière, et sans même avoir la moindre  carte.


 

( Petite) annonce:

Vingtième séquence programmée : dans le vingtième arrondissement de Paris, un établissement musical, RAVEL, heure des récréations vespérales, autour de 14h45, le mardi 24 mai . Le passage, cette fois, est annoncé. Mais ça ne promet rien.

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YDIT BLOG, Ydit- Trois : Encore trop tôt pour être si tard ?

 

Ydit-Blog/ Ydit-Suit : le 22 août, un blog numéro 100 exposait danse et sourire, car c’était bien de finir.

Finir les 99 séquences texte/image découpant « Le Jardin de Giorgio Bassani », « Saison 2 » issue de ce roman inédit qu’avaient provoqué des rencontres de lumières à FERRARE. Au terme en impasse de ce voyage sans vrai passeport, un temps d’absence était nécessaire, pour que  des jeunes filles regardent la ville dans les images à travers des peintures, pour que des yeux se transforment en boulettes de mouchoir privé de pleurs, pour que les masques durablement s’installent entre la ville et ses miroirs de mémoire, ses jardins de silence.

Finir aussi les 180 jeux de mémoire et d’oubli qui ont  auparavant formé la « Saison 1 », depuis 2015, début du projet de finir en sérénité : les Séquences Publiques d’Oubli, long et précieux parcours de renoncement à ses propres souvenirs, les mauvais seulement, mais à force – au long de ces quatre courtes années- la joie du récit et le plaisir des personnages (Germaine, Voltaire, Vassiliki,  Marina…) l’avaient emporté sur la nécessité de l’Oubli ( et d’ailleurs, les souvenirs qu’on hait et qu’on craint ne sont pas oubliables). 

Mais la plupart des séquences du  » Jardin de Giorgio Bassani « , qui avait d’abord été un roman inédit, avaient été retravaillées, imagées, lors d’un confinement qu’on n’appelait pas encore « Le Premier », puis programmées longtemps d’avance selon un échéancier intime de publication. Ainsi, lorsque le post 99 parût, cinq mois s’étaient écoulés depuis la dernière séance de travail d’Ydit.

Finir, donc, avec le sentiment de finir, et terminer une mise en disponibilité de plusieurs mois, qu’on dirait vacances, mais qui fut seulement vacance : désœuvrement. Désœuvré ? Marchant seul entre Lilly-la-Forêt et la maison de Nadja Danet, rue du haut, je m’interrogeais : un brin d’herbe mâché en marchant est-il plus fâché que la marcheur lâché ?

La question, bien sûr,  marque l’insignifiance du questionnement, et le temps vient donc de nouvelles aventures, ici et là, ici surtout. Depuis la Terrasse de Nadia, d’où l’on ne voit que trois vieux toits puis les coteaux boisés, Ydit regarde un certain brouillard se lever : encore un peu de lumière, Monsieur le Tempo?

Vous trouverez donc, ici, peu à peu ( ce qui ne signifie pas petit à petit) quelquefois de nouvelles « Déviations », publiées sans projet narratif, et sans rythme imposé, car toute contrainte nouvelle est un pas vers le trop de poids. Ydit aurait pu les intituler : « Dérives post-70 «  – puisque sans doute aucun, les années d’après la soixante-dixième ne suivent plus d’autre parcours que les déviations/dérivations, et ne connaissent plus d’autre projet que de ne surtout pas cesser d’en avoir.

 

Mais, surtout,

avec tout le temps nécessaire,

et ce sera un temps long, répétitif,

balbutiant,

YDIT racontera le désenchantement et les jouissances d’une puissante addiction – ou comment s’en débarrasser.


 

Pour faire croire aux  continuités de l’imagination comme  aux  ruptures de la mémoire, YDIT republiera en premier, sous contrôle, de façon bien sûr faussement aléatoire,

quelques-uns des 280 « posts » des séries 1 et 2.

Un peu comme dans les séries toujours commencées par…

« Previously ».


Mais je vais surveiller tout cela de près, soyez sans crainte : Ydit, on ne peut que rarement lui faire confiance, question exactitude .

 


Didier Jouault, pour YDIT-BLOG/ YDIT-TROIS : Encore trop tôt pour être si tard ?

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